FacLab ou FabLab ?

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Le 26 février dernier, nous nous sommes rendus au FacLab à Gennevilliers dans le cadre d’un déplacement organisé par le SEL (1) d’Asnières sur Seine.

Les participants, reçus par la “Lab Manager”, ont eu une brève présentation du mouvement des FabLabs, né dans les années 1990  au MIT de Cambridge au Massachusetts, et qui a essaimé dans le monde entier : on compte 346 FabLabs ayant adhéré à la Charte du Mouvement.

L’esprit de cette charte a été interprété par le FacLab de Gennevilliers et décliné en trois maîtres-mots Participer Partager Documenter. Symbolisés  par trois engrenages liés, le mouvement se transmettant de l’un à l’autre.

Dans ces ateliers reposant sur la collaboration des participants :

La participation aux projets des autres permet une mutualisation et un échange des savoirs et des compétences.

La documentation sur les réalisations doit permettre aux autres de les reproduire. A cette fin, la documentation doit être publiée en ligne, et ainsi partagée.

Le FacLab, en application des ces trois principes, est largement ouvert à toutes celles et ceux prêts à  s’impliquer, et ceci quelles que soient leurs compétences, les jeudis et vendredis de 10h à 19h30 et un jeudi par mois de 10h00 à 00h00;

Actuellement, l’équipe du FacLab compte une responsable et un salarié.

Une visite de deux ateliers a suivi : un atelier soudure, un atelier couture où une réalisation nous a été présentée. Il s’agit d’un imper (le Bicloone), spécialement destiné aux cyclistes, et doté d’ éclairages LED tenant lieu de clignotants, de feux stop, et remplaçant  avantageusement, et de façon plus complète, les gilets fluo.

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Les imprimantes en 3D (cf ci-dessus), ne manquent dans aucun FabLab. Elles servent à façonner des objets au moyen de logiciels  qui les pilotent, et sont généralement achetées en kit auprès des fournisseurs et assemblées au Fac Lab.

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Les machines à découpe laser (cf ci-dessus), sont, elles, produites industriellement et donc achetées sur le marché, de façon plus classique.

Quant au matériau travaillé en 3D c’ est  essentiellement du plastique PEBA (Polyéther bloc-amide (PEBA)

Dans une autre salle, il nous a été possible de voir un dispositif auto-régulé et fournissant des données sur un certain nombre de paramètres : température , humidité etc, constamment mises à jour pour cultiver des plantes en hydroponie (2).

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Enfin, après un buffet, lui aussi sympathique partagé et convivial , nous avons assisté à la présentation d’un projet réalisé en partie au Fac Lab, par une équipe  travaillant  à Rennes et à Düsseldorf, et concernant un moteur électrique, alimenté par des panneaux solaires. En l’occurrence c’est la carcasse de bobinage de ce matériel, en plastique, qui a été réalisée au Fac Lab, et qui est donc documentée. Si cette partie de la production a a fait l’objet d’une documentation, conformément aux principes du Fac Lab,  le moteur dans son ensemble, protégé par plusieurs brevets, a été fabriqué ailleurs.

Les Fablabs : nouvel horizon ou nouvelle illusion?

Ce mouvement semble se répandre et d’aucuns, comme Jeremy Rifkin, y voient même une pierre angulaire de ce qu’il définit comme la troisième révolution industrielle :

Dans une interview il prédit notamment que [l’abondance des objets produits] sera une réalité ”grâce aux Fablabs et à l’impression 3D. Les logiciels d’imprimerie sont dans leur majorité en opensource, si bien que ça ne coûtera bientôt plus rien de les télécharger, éventuellement de les améliorer, et de fabriquer soi-même de nombreux produits. Le prix du matériau de construction va lui aussi baisser, car il est de plus en plus souvent issu du recyclage de métaux, de plastiques, de bois, etc. Dans deux ou trois ans, il y aura des Fablabs partout.

Maintenant, conjuguez tous les atouts dont je viens de parler : nous parlons alors d’un monde où vous pourrez alimenter votre petite entreprise de production 3D par de l’énergie gratuite que vous aurez produite vous-même ou échangée sur Internet. Un monde dans lequel vous pourrez transporter votre produit 3D dans des véhicules électriques, qui eux-mêmes ont été alimentés par de l’énergie renouvelable. Et dans dix ans maximum, ces voitures seront sans chauffeur. Vous les réserverez sur votre mobile et elle vous localiseront toutes seules avec leur GPS…”(3)

A l’ inverse, d’autres auteurs, comme l’ingénieur  Philippe Bihouix, auteur de l’ “ Age des low-tech” sont beaucoup plus réservés sur ces entités, voire prennent le contre-pied des assertions de Rifkin. D’après Bihouix, les imprimantes 3D courantes, pièces maîtresses des FabLabs, ne pourront fabriquer que des objets simples en résine thermoplastique ou thermodurcissable et en aucun cas des objets métalliques, lesquels exigeraient “des imprimantes mettant en œuvre une technologie a base de laser ou de faisceau d’électrons hors de portée des particuliers“. Dans un FabLab on ne produira- nous dit-il- ni clous ni vis. Ainsi, les FabLab ne remplaceront “ni hauts fourneaux ni cimenteries ni verreries”, ni  même les usines chimiques produisant la résine pour les imprimantes 3D. Par ailleurs, les FabLabs ne peuvent pas produire des objets multi-matériaux  et composites. Il en découle que “ Les imprimantes 3D seront incapables de s’ imprimer elle-mêmes” (4).

On l’aura compris : le sujet donne lieu à des controverses, malgré une diffusion importante de ce réseau mondial que constituent les FabLabs. Même si ces derniers ne constituent pas une panacée, il reste que le principe des savoirs et du savoir-faire mis en commun présente un intérêt certain.

(1) Système d’échanges local

(2) L’ hydroponie ou culture hydroponique est la culture de plantes réalisée sur un substrat neutre ou inerte (ex: billes d’argile etc) . Ce substrat est irrigué par un courant de solution apportant des sels minéraux et des nutriments essentiels à la plante.

( 3) interview de J Rifkin

http://www.telerama.fr/idees/jeremy-rifkin-ce-qui-a-permis-le-succes-inoui-du-capitalisme-va-se-retourner-contre-lui,117006.php

(4) P. Bihouix “L’âge des low-tech”, le Seuil,  p 100-101.

(5) Pour aller plus loin, le site du FacLab de Gennevilliers  : http://www.faclab.org/

 

 

Force doit rester à la Loi

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Plus le souverain conserve de liberté à ses sujets,[…] plus les peines sont justes.

Beccaria, “Traité des délits et des peines”, 1764

 

Dans les réactions de tout ordre, de tout bord, aux actes effroyables des 7 et 9 janvier on a, dans le désordre, beaucoup évoqué la notion (plus ou moins vague) de communauté, de religion, d’appartenance identitaire, de banlieues etc. On a également entendu, çà et là, des appels à légiférer ( une fois de plus). C’est à dire, le plus souvent, à restreindre encore l’espace de nos libertés.

On a comparativement, à mon sens, peu mentionné la Loi avec un “L” majuscule, c’est à dire en marquant la place, tout à fait centrale, qu’elle doit nécessairement occuper dans un état de droit, comme notre pays l’ est encore.

La Loi doit transcender précisément les caractères “particuliers” de tel ou tel citoyen ou de tel ou tel groupe social.  Elle doit s’appliquer à tous avec la même équité, la même objectivité. Elle s’est appliquée, dans toute sa rigueur, en Norvège à Anders Breivik  qui a massacré au fusil d’assaut des dizaines de personnes pacifiquement rassemblées, il n’y a pas si longtemps. En invoquant une idéologie, dont il se revendique clairement maintenant, le fascisme (1). Elle doit s’appliquer en France et ailleurs, (comme au Nigéria) contre tous ceux qui, au nom d’une autre idéologie, l’intégrisme religieux, mettent à mort des personnes innocentes, pour terroriser des peuples et/ ou asseoir leur domination. Comme elle s’est appliquée contre M. Douch, khmer rouge, et responsable de camp au Cambodge.

En ce sens, et dans le droit-fil du “Bill of Rights” anglais de 1688 et des Révolutions française et américaine, une fois votée par le Parlement dans son rôle, essentiel et pleinement assumé, de Pouvoir Législatif, la Loi devient l’expression de la “volonté générale”. Elle doit être “la même pour tous, soit qu’elle protège soit qu’elle punisse” , ainsi que le prévoit l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’ Homme et du Citoyen de 1789.

Cette conception de la Loi peut apparaître comme désincarnée, et froide, mais c’est  précisément cette distance qui  lui permet d’ être appliquée sans passion, avec le maximum d’impartialité possible (en permettant, bien entendu, aux parties en présence de témoigner et / ou faire valoir leur droit à être défendues au cours d’ un procès équitable). C’est cette distance qui la situe au dessus des citoyens quels qu’ils soient, à la place, pourrait-on dire, occupée, dans l’ancien régime, par la personne physique sacralisée du Monarque de droit divin.

Voilà pourquoi toute législation d’exception constitue un dévoiement et un affaiblissement de la Loi, car elle crée, souvent dans l’urgence, des lois de circonstance, et ce toujours au nom de considérations d’opportunité politique qui sont celles du pouvoir exécutif…dont, en dernière analyse, et quelles que soient les intentions originelles, elles finissent  toujours par renforcer  l’arbitraire (2). Ces lois le justifient et elles constituent son paravent. Ce fut le cas, par exemple, de la loi de 1963 instituant la Cour de sûreté de l’ état, composée de trois magistrats et de deux généraux.

De telles lois de circonstance témoignent de l’érosion croissante  des pouvoirs et de l’influence du Parlement et notamment de l’ Assemblée Nationale, au bénéfice, en France, d’un pouvoir exécutif présidentiel de plus en plus personnalisé, inconditionnellement soutenu par une majorité des députés (les fameux “godillots”), dont le travail se réduit à adopter les projets de loi, validés par le Président en conseil des ministres.

A l’ étranger aussi, dans des pays pas si lointains, des despotes plus ou moins éclairés, plus ou moins populistes, sont de retour,  ou se maintiennent, dans le sillage de cette tendance au renforcement de l’ exécutif.

N’oublions pas, cependant, que c’est souvent l’arbitraire du Pouvoir qui fournit au terrorisme des martyrs et des prétextes pour passer à l’action. Les exemples historiques ne manquent pas, de la Russie tsariste au XIXe siècle, au régime syrien de nos jours.

 

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(1)http://www.lefigaro.fr/international/2014/09/05/01003-20140905ARTFIG00233-anders-breivik-veut-creer-un-parti-fasciste.php

(2) L’ arbitraire est, évidemment, l’opposé de la Loi, et ce qu ‘elle a justement pour vocation de remplacer. On  a vu  l’arbitrairedu pouvoir exécutif à l’œuvre avec l’existence de lieux de détention comme Guantanamo.

 

 

Contradictions?

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Dans l’Humanité du 7 novembre dernier (1) Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie les Verts indique :

« pour créer de l’emploi, il ne suffit pas simplement de baisser les charges et de remettre en cause le Code du travail et les protections qu’il offre aux salariés. »

Ce qui signifie, en bon français, que la baisse des charges et la remise en cause du code du travail à elles seules, pourraient être considérées comme des conditions nécessaires mais pas suffisantes à un  redémarrage de l’emploi.

Pour ne pas en rester au niveau du lapsus, allons un peu plus loin :

D’un côté E. Cosse affirme :

Ce qui a différé entre la gauche et la droite pendant des années, c’était de savoir comment redistribuer les fruits de la croissance. Sauf qu’il n’y en a plus aujourd’hui.

Nous proposons une réflexion différente sur la situation économique ….Ce qu’il nous faut, c’est un projet alternatif, montrer qu’un nouveau cap est réellement possible à mettre en œuvre, qu’un tel projet peut fonctionner et rassurer. Il faut le construire avec toutes les forces qui le souhaitent, sur des valeurs communes et sans exclusive.

Mais c’est pour ajouter :

Personne à gauche ne détient seul la vérité ni ne peut avoir la certitude de l’emporter. Cela impose à l’ensemble des forces de gauche de réfléchir à ce qu’elles sont capables de faire ensemble, et donc d’accepter aussi des compromis, une vision partagée de l’avenir.

Si l’on lit bien, on peut observer :

1- Cette « réflexion différente », ce « projet alternatif » s’inscrit dans un périmètre précis, dans des limites bien nettes : celles de la gauche. Cette « absence d’exclusive » se borne donc à la gauche et exclut ipso facto tous ceux qui ne se situeraient pas d’emblée dans ce courant politique.

2- Emmanuelle Cosse affirme que la seule différence entre “gauche” et “droite” a porté sur la redistribution des fruits de la croissance, (et non pas sur l’adhésion à ladite croissance). Cependant, elle prône un « compromis » fondé sur une « vision partagée de l’avenir » avec toutes les forces de gauche, (donc y compris avec les composantes productivistes et sociales-libérales de cette « gauche »). C’est oublier un peu vite que la gauche sociale – démocrate ou sociale-libérale de gouvernement, elle, partage toujours avec la droite libérale la valeur fondamentale : l’adhésion au messianisme de la Croissance (E. Cosse ne parle-t-elle-pas, d’ ailleurs, d’ “attente christique” de la croissance?).

3- On comprend mal qu’ici elle puisse à la fois parler de « compromis » (terme qui en politique renvoie à une alliance «raisonnable » tactique, électorale et / ou de gouvernement entre forces qui ne partagent pas sur tous les points les mêmes conceptions) et, dans la foulée, évoquer une «vision partagée de l’avenir» ; ceci quand précisément le thème de la croissance (excusez du peu) sépare radicalement, jusqu’ à plus ample informé, écologistes et socialistes.

Dans un éditorial en ligne du 6 novembre (2), E Cosse, estimant que “Tout dialogue est impossible. Toute décision prise sous couvert d’une démocratie représentative rongée par le cumul dans le temps et les conflits d’intérêts est immuable”  appelle à ” l’avènement d’une nouvelle République“. On peut, dès lors, s’étonner qu’elle désigne comme tâche urgente, dans son interview à l’Humanité du  lendemain 7 novembre, la discussion avec des partenaires, (en clair le PS) lesquels participent actuellement à un gouvernement conduit par un Président et un Premier Ministre pleinement inscrits dans les institutions de la Ve République. Un gouvernement dont elle affirme (à l’Humanité) que les français ne savent pas où il va, et dont elle-même avoue ne pas savoir s’il est disponible au dialogue.

Tout cela paraît, du point de vue des idées, quelque peu confus. Souhaitons qu’il s’agisse d’un « work in progress », et que l’élaboration continue.

Toutefois, un point est clairement précisé dans l’ Humanité : la discussion qu’ E.Cosse dit souhaiter, avec le ou les partenaires politiques comporterait un aspect électoral («C’est à cela que l’on doit s’atteler dans les mois et les années qui viennent, non seulement d’un point de vue théorique, mais aussi d’un point de vue électoral). Décidément, à cet égard, c’est limpide : nous attaquons bien la fin de règne.

(1)http://www.humanite.fr/emmanuelle-cosse-francois-hollande-sest-egare-556918

(2)http://eelv.fr/2014/11/06/deux-poids-deux-mesures/

Ecologie, élections et populisme

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La pensée écologique, seule alternative au populisme dans quelques années en Europe?

Il y a moins de différence entre deux députés  dont l’ un est révolutionnaire et l’autre ne l’est pas, qu’entre deux révolutionnaires  dont l’un est député et l’autre ne l’est pas.

Robert de Jouvenel, la République des camarades, 1914

Les deux dimensions de l’action politique des partis traditionnels :

Elles peuvent, il me semble, se définir comme suit :

Celle de l’espace politique (et médiatique) que l’ on cherche à occuper.

Celle des places à prendre, enjeu de chaque élection.

La première  phase est habituellement celle des contenus et des promesses, de la communication destinée à des citoyens-cibles (au sens que le marketing électoral donne à ce terme), qui sont autant d’électeurs potentiels supposés (1) éprouver tel ou tel sentiment, être guidés par telle ou telle logique. Ceux-ci viennent constituer ainsi un fonds de commerce électoral plus ou moins organisé par les prescripteurs d’opinion médiatiques, et auquel on s’adresse dans les discours et les interviews, pour lequel on distille petites phrases et promesses, soigneusement choisies dans leur forme comme leur “timing”  par les directeurs de campagne.

Dans la deuxième phase, c’est du retour sur investissement qu’il s’agit. Il se comptabilise, le soir des élections, en nombre de voix obtenues, en pourcentage. Il s’agit là du dividende espéré par le politique professionnel. C’est une évidence: en fonction de ce résultat vont pouvoir s’ouvrir les négociations entre appareils (et donc entre apparatchiks) pour les places mises en jeu : on passe ainsi aux “choses sérieuses”. Une page est tournée, celle de la campagne électorale ; c’est celle sur laquelle étaient écrites les promesses, qui n’engagent personne et surtout pas l’homme (ou, plus rarement, la femme) politique qui les a faites. Pour les vainqueurs, ils accèdent aux affaires et l’on doit comprendre que celles-ci imposent une politique, des choix, qui n’ont qu’un rapport vague avec les discours électoraux de la phase précédente.

C’est la petite musique de la “Realpolitik”. La même qu’en 1512,  année où Machiavel, rédigeant le Prince, pourtant dans un contexte institutionnel bien différent, écrit au sujet du Pape Alexandre VI Borgia  : ” Jamais ne fut homme qui eût plus grande efficace quand il donnait des assurances et qui affirmât une chose avec plus grands serments, mais qui moins l’observât […] Il n’est donc pas nécessaire à un prince d’ avoir toutes les qualités dessus nommées, mais bien il faut qu’il paraisse les avoir“(2). Politique et art de la persuasion vont plus que jamais de pair, et, et en dépit de l’intégrité personnelle de tel ou tel homme politique, le “parler vrai” devient ainsi le comble du paraître vrai, donc du faux-semblant.

La dynamique décrite plus haut et qu’on retrouve aussi bien dans tous les appareils de partis dits de “droite” comme de “gauche”, a été puissamment accélérée (surtout à gauche) après le délitement et la chute du bloc soviétique, donc à partir de 1989-1990.

A Gauche :

En effet, en France la gauche, et notamment son protagoniste hégémonique le PS, a renoué, consciemment ou sans se l’ avouer et surtout sans l’avouer, comme déjà indiqué dans les articles précédents de ce blog, avec le libéralisme républicain de la bourgeoisie radicale de la fin du XIXe, tout en conservant quand il le faut, c’est à dire en phase pré-électorale, une phraséologie à coloration idéologique “socialiste” et plus ou moins “anti-libérale” destinée à l’électorat. Ces thèmes constituent la matière première des promesses et le tissu de discours, tel celui du Bourget du candidat Hollande, discours dont Jean-Claude Michéa dit dans “La gauche et le peuple” ( écrit avec Jacques Julliard)  : “On mesure tout le travail de réécriture idéologique ( ou même parfois de pure et simple falsification) qui aura donc été nécessaire pour qu’un François Hollande , un Dominique Strauss-Kahn, un Pierre Bergé, un Jérôme Cahuzac ou un Pascal Lamy puissent un jour se présenter, toute honte bue et sans susciter le moindre éclat de rire comme les descendants directs – puisque officiellement de “gauche”- des martyrs de la Commune de 1871“(3). L’idéologie anti-libérale intervient ici, on l’aura compris, dans un rôle de pur trompe-l’œil.

Qu’ en est-il des adversaires de la gauche PS?

– Les partis “traditionnels” de centre et de droite ont l’avantage de s’être toujours peu ou prou réclamés d’un plus petit commun dénominateur libéral (respect de la propriété privée des moyens de production etc.). Même si la plupart d’entre eux affectent encore de défendre des “valeurs traditionnelles” (4), leur conversion de fait à l’ultra-libéralisme et à la dérégulation les plus modernes et décomplexés (avec Thatcher Reagan et consorts) s’est  faite plus rapidement et a nécessité une moindre dose de mystification ou de mensonge. A peu de frais, ils peuvent apparaître comme moins porteurs de “contradictions” (5) déchirantes  que le PS.

Last but not least : le populisme ( pour simplifier, en France, le FN et, très accessoirement, le Front de Gauche) tentent, avec un certain succès, de se nourrir du “terrible sentiment d’ abandon qui s’est aujourd’hui emparé, […] de toutes les classes populaires“(6), en les disputant (ou en les arrachant) à l’abstention grâce à l’insistance sur un discours à tonalité sociale émanant d’un Leader charismatique  sur le thème du “je vous ai compris”.

Délégation Vs participation

Dans ces conditions, soit une majorité d’électeurs, ne sachant plus à quel saint se vouer, est prête à donner un blanc-seing au personnel politique populiste, lui-même conduit par ce Leader providentiel, soit un autre choix existe : non pas celui des partis traditionnels, dont les pratiques de pouvoir  paraissent engluées dans le clientélisme, et la “cuisine politique” au jour le jour, mais celui que proposerait une écologie politique dont la pierre angulaire serait une démocratie locale basée sur l’implication et la participation au sens plein de nombreux citoyens, et qui pourrait d’ailleurs reposer en partie sur l’ utilisation d’outils numériques (à l’instar d’une ville comme Loos en Gohelle).

La  délégation complète de pouvoir au Leader

Le populisme part du constat que ce que le géographe Christophe Guilluy appelle les classes populaires autochtones ( on entend par là des personnes dont les deux parents sont nés en France) ou d’immigration ancienne ( provenant de pays européens) ont été peu à peu frappées d’ invisibilité politique (7) et par conséquent médiatique et culturelle. Ce mouvement politique a visé à les réintroduire dans un récit, un discours, une rhétorique qui, en en faisant des victimes, les valorise (8), voire les héroïse. Ainsi le Front National, en la personne de son Leader, apporte, à ces ” petites gens” un discours ” clefs en mains” construit de façon à jouer sur une corde sensible, dans une situation de malaise et d’insécurité sociale bien réels, afin d’obtenir par le vote une délégation massive (un abandon) de souveraineté au profit du parti populiste. Un renonciation de plus pour ce groupe social populaire, et qui se ferait, de façon tout à fait classique ( on est très loin là d’une révolution), dans le cadre du présidentialisme fort de la Ve République. Avec le risque que le régime soit peut-être encore durci par une dérive institutionnelle à la  Poutine, dans le but de rendre toute alternance quasiment impossible. Au total, pour reprendre l’ expression de l’historien belge David Van Reybrouck dans son ouvrage “Contre les élections”  : “Les populistes sont des entrepreneurs politiques qui s’efforcent de conquérir la plus grosse part de marché possible”(9).

Une voie exigeante et non balisée : la démocratie participative.

Pour suivre ce chemin, il conviendrait qu’au lieu d’attendre sans fin un hypothétique changement de ligne, et de pratique, de leur allié principal et même hégémonique, à savoir le PS, les écologistes aillent à l’ écoute et au contact de la population comme cela s’est produit lors de campagnes des dernières municipales à Grenoble. Ils ne renieraient rien de leurs idées propres notamment sur l’ environnement et la transition écologique, mais ne prétendraient pas, pour autant, apporter une bonne parole, un ensemble de convictions  à laquelle leurs auditeurs seraient plus ou moins priés de se convertir.

On comprend facilement que cette voie se situe aux antipodes de la production d’un récit  “rassembleur”  ou “créateur de consensus” décrite précédemment. Il s’ agit ici rien moins que d’une rupture totale avec la dualité évoquée plus haut, à savoir :

  • récit et promesse élaborée par les communicateurs d’un candidat, construits à partir d'”éléments de langage” qu’on pense appropriés,  d’ une part 
  • répartition des places en jeu dans l’ élection, d’autre part.

En effet, dans cette démarche participative, les citoyens, au lieu d’être des auditeurs passifs et plus ou moins attentifs d’un message, ou bien de se rêver protagonistes d’un récit incantatoire qui les réhabiliterait, sont invités à participer, autrement dit à devenir eux-mêmes producteurs ou créateurs d’un discours les concernant, après s’être appropriés volontairement des éléments d’information nécessaires. C’est là, beaucoup plus que dans un renforcement de la démocratie interne des partis politiques, que réside le véritable changement de paradigme, le “faire de la politique autrement” (pour reprendre un slogan quelque peu galvaudé), débouchant sur un “empowerment” (une autonomisation et une responsabilisation) du citoyen.  

Cette pratique est indiscutablement exigeante, aussi bien pour les militants politiques que pour les citoyens qui choisissent de s’y engager. En termes de temps passé comme d’ implication personnelle. Mais elle est tout à fait possible au plan local comme au plan national : il n’est que de songer aux multiples “Bürgerinitiativen” ( initiatives citoyennes) chez nos voisins allemands pour des problèmes d’intérêt local, et aux votations nationales (en clair les referendums d’origine citoyenne) en Suisse. La liste de ces pratiques participatives ne se limite pas, bien évidemment, à ces deux exemples. Au bout du compte, ces formes de démocratie participative ont l’inestimable avantage de renforcer la légitimité des décisions prises au terme du processus, et de susciter l’adhésion (ou du moins  l’acceptation) des citoyens.

Un tel choix trancherait nettement avec les habitudes de gestion du pouvoir local, et national par l’establishment  politique ” professionnel”.

Il serait toutefois nécessaire, mais pas suffisant. Nous reviendrons plus en détail sur ces points ultérieurement.

 

 (1) Sur la base de sondages d’opinion alimentant des études de toutes sortes

 (2) Machiavel, Le Prince, chap. XVIII,  édition Livre de poche, p 125

 (3) Jacques Julliard et Jean Claude Michéa, La Gauche et le Peuple, Flammarion, p 42

 (4) à titre d’exemple, la thématique de la “Manif pour tous”, instrumentalisée pour tenter de retrouver une audience.

 (5) Suivant le terme utilisé par Marion Robert, Conseillère Fédérale EELV, qui dénonce, par ailleurs, le caractère “illisible” de la politique du PS  : “…hallucinant de prétendre avoir un programme de rupture avec les politiques européennes passées, quand on a voté la baisse du budget Européen et mis en place les politiques d’austérité en France. “(cf http://marionrobert.blogspot.fr/ , article du 18 mai 2014).

 (6) Jacques Julliard et Jean Claude Michéa, La Gauche et le Peuple, Flammarion, p 29

 (7) Christophe Guilluy, Fractures françaises, Flammarion Champs, p 153

 (8) Marine Le Pen, dans son livre “Pour que vive la France” ne fait que reprendre cela, en page 17 : “Ces oubliés, ces invisibles, ces anonymes à qui l’on veut retirer toute identité, en leur imposant une immigration massive et déstabilisatrice, en les transformant en machines à consommer, obéissants, serviles face aux injonctions publicitaires ou commerciales des sociétés du CAC 40, je les porte dans mon cœur et je veux les aider à retrouver toute leur dignité.”

(9) David Van Reybrouck, Contre les élections, Babel, p 31

Laines & Co

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Il y a à Asnières (mais oui!) un lieu d’une poésie exquise. Suivez la grande rue Charles de Gaulle vers la rue de la Station. Avant le croisement avec la rue Bokanowski, vous apercevrez un délicieux petit magasin de laines à tricoter. Pour peu que vous ayez le désir de pousser la porte, vous ferez un saut dans le temps. Madeleine de Proust? Je ne sais si la comparaison est pertinente, mais en tout cas, en franchissant le seuil, je me suis souvenu du plaisir éprouvé quand, petit garçon, j’aidais ma mère à faire des pelotes de laine à partir d’un dévidoir (vous devinez mon âge…).

La propriétaire du magasin vous accueille avec son petit chien, comme si elle vous attendait depuis toujours, avec calme et sourire. Le temps est suspendu. Le stress? Il reste à la porte. L’art du tricot, tombé en désuétude, presqu’au point de disparaître, renaît là. Cet artisanat d’art, monopole quasi exclusif des femmes, permettait (et permet toujours) de créer des pulls et des gilets aussi chauds que doux et moelleux, dans des couleurs et avec des motifs si inventifs et variés. En ayant acquis une maîtrise suffisante, on pouvait tricoter en rêvant, en réfléchissant, en écoutant de la musique. Et même faire de la politique, comme les tricoteuses qui, pendant la Révolution “assistaient aux séances de la Convention, des clubs populaires et du tribunal révolutionnaire tout en tricotant”(1), et que leurs adversaires traitaient (à juste titre ou pas, le débat est ouvert) de furies de la guillotine .

J’ai même vu un jour, une jeune femme, qui n’avait, croyez-moi, rien de suranné tricoter dans le métro!

Se mettre (ou se remettre) au tricot? A vous de juger!

 

 

(1)Wikipédia

De l’ intérieur : voyage au pays de la désillusion, de Cécile Duflot (Fayard)

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Le ton est indéniablement sympathique et il est encore relativement peu fréquent qu’ une femme ( ou un homme)  politique admette de bonne foi s’être trompée quant à son engagement de deux ans comme ministre dans un gouvernement. La franchise de Cécile Duflot mérite donc d’être saluée.

Cependant, quelque chose n’est pas clair dans ce parcours au gouvernement :   Cécile Duflot nous relate fidèlement, au  chapitre ” L’impasse européenne” de son ouvrage, avoir été, dès septembre 2012, l’ objet de pressions du Premier Ministre de l’ époque pour se prononcer pour le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance en Europe  (TSCG) et note ” C’est une scène inaugurale qui dit beaucoup sur la méthode Hollande : ne pas brusquer les marchés est préférable en toute circonstance. Peu importe si on revient sur les engagements de la campagne“. Mais c’est pour ajouter, quelques lignes plus bas  qu’ à ses yeux  : ” L’impératif  de solidarité l’emporte alors sur tout le reste” . On l’aura compris, c’est de solidarité gouvernementale qu’ il s’agit ici exclusivement, qu’on fait ainsi passer, en somme, avant tout le respect qu’ on doit aux électeurs ( ceux auxquels on se réfère, de façon méprisante, dans l’ expression bien connue de Queuille ” les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent”).

Cécile Duflot conclut par un jugement sans appel  : ” Avoir renoncé dès le départ à renégocier ce traité  [le traité européen sur parcola stabilité la coordination et la gouvernance ou TSCG] fut l’erreur absolue de ce quinquennat”. Si nous suivons Cécile Duflot, elle apparaît donc avoir été consciente de cette “erreur absolue”, mais cependant être restée au gouvernement, malgré le malaise éprouvé, encore une fois par “solidarité”. Elle ne le quittera toutefois qu’ en avril 2014, après la lourde défaite socialiste aux élections municipales.

Le sentiment est le même lors du limogeage brutal de Delphine Batho, ministre socialiste de l’écologie, coupable d’ avoir trouvé que le budget de son ministère était mauvais. Cécile Duflot choisit malgré tout de rester, choix qu’ elle définit sans complaisance comme une erreur en ajoutant même : ” Nous [les écologistes] n’obtiendrons ni l’ honneur de la protestation ni des moyens supplémentaires pour l’ écologie“, ce qui sonne comme une dure auto-condamnation. Si cette franchise et cette courageuse honnêteté intellectuelle en font, à mon avis, un personnage attachant, ce sens quasi stoïque de la solidarité vis-à-vis du gouvernement et d’un homme, François Hollande (1), a fini par susciter des problèmes internes dans son parti. Il y a là ce que les anglais nomment un “dramatic flaw”, une grandeur mais aussi une sorte de  faiblesse interne qui aurait jalonné son parcours ministériel et rendrait compte de son résultat final qualifié par elle-même de “désillusion” (que l’on songe au ” détricotage” de la loi ALUR).

En filigrane tout au long du livre et plus clairement encore à la fin, apparaît le véritable sujet sous-jacent et lancinant : l’exercice du pouvoir, solitaire et autoritaire (quel que soit son détenteur), dans ce système présidentiel étouffant de la Ve République, lequel semble décidément “au bout du rouleau”. Et Cécile Duflot en appelle tout naturellement à une VIe République où le Parlement retrouverait tout son poids. Gageons qu’elle puisse y trouver toute sa place, et- qui sait?- se révéler comme une héritière inattendue d’un grand ancêtre comme Robert Schuman, elle qui se définit comme issue d’une sensibilité politique catholique.

Enfin, et même si ce n’était pas là l’objet principal de l’ouvrage, on peut regretter que, pour une représentante de l’écologie politique en France, les références aux problèmes environnementaux soient, somme toute, occasionnelles. Serait-ce parce que comme l’écrit Fabrice Flipo « La faute est aussi au caractère  très largement à venir des enjeux écologiques. Semblant lointains, peu perceptibles et à vrai dire tellement contraires à ce dont la réalité nous instruit chaque jour en termes de pseudo-victoires technologiques […] tout concourt à ce que la situation reste en l’état et que l’écologisme reste minoritaire. »?

(1) Dont Cécile Duflot dit pourtant que la dimension de l’ écologie lui est foncièrement étrangère.

(2) F. Flipo, Pour une philosophie politique écologiste, Textuel p. 10-11

Quais libres

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180

Dans la commune de banlieue où je réside, qui borde la Seine, une opération « Quai Libres » est prévue pour demain. La circulation automobile sera donc interdite sur les quais jusqu’ à 17:30.

“Quai libres”, soit, mais libres de quoi ? Libérés des voitures. Cela suppose, semble-t-il, un postulat de départ : la circulation automobile n’est pas un bien. En effet le seul jour de l’année où les autos ne sont pas admises à circuler sur les quais, et que ceux-ci sont réservés aux circulations dites « douces » (vélos, piétons etc), ces mêmes quais sont dits « libres ».

Si les élus, locaux et / ou départementaux qui sont “aux affaires”, pensent vraiment que la circulation motorisée est un mal (du moins sur ces quais), pourquoi n’entament-ils pas une réflexion de fond sur les moyens de la limiter pendant les autres 364 jours de l’année ?

S’ils ne le pensent pas vraiment, nous sommes en plein faux-semblant, dans une pure opération de communication, et le « business as usual » va reprendre dès 17:30, une fois la fin de la récréation sifflée.

La Gauche en Europe et en France et l’écologie politique (3)

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« Le temps du monde fini commence »

Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, 1931

Pour produire […] des combustibles minéraux combien n’ a-t-il fallu de végétaux accumulés et très accidentellement préservés de la combustion dans les temps géologiques ; le jour où cet acide carbonique aura été restitué aux couches inférieures de l’ air par nos cheminées d’usines, quels changements […] ne manqueront pas d’ être réalisés peu à peu dans nos climats ?

Louis de Launay, « Les ressources en combustible du monde », revue La Nature 1914, p.238, cité par Christophe Bonneuil et Jean Baptiste Fressoz, « L’événement Anthropocène » , Le Seuil, Paris, p 244

Comment, dès lors, sortir de la contradiction dont les termes ont été précisés dans l’article précédent ?

En avançant et en défendant, comme l’ont déjà fait des partis verts, l’idée non pas d’une croissance fût-elle « verte » mais d’une réelle transition écologique, loin des demi-mesures voire des simulacres vers lesquels on semble s’acheminer, du moins en France. Idéalement non agressive et prédatrice pour l’environnement, et néanmoins créatrice d’emplois. cette stratégie politique paraît assurément, pour le moment, nécessaire, mais en aucun cas suffisante.

Nécessaire, à n’en pas douter, dans un monde où « la seule espèce humaine s’approprie près du tiers de la biomasse continentale, et consomme maintenant annuellement une fois et demie ce que la planète peut fournir sur un mode durable »i.

Nécessaire, parce que, s’agissant des énergies fossiles (et nommément du pétrole), la dépense d’énergie indispensable à l’extraction d’un baril de pétrole, exprimée en équivalent barils de pétrole brut, se chiffre actuellement à 1 baril dépensé pour obtenir 40 barils extraits sur un gisement terrestre en Arabie Saoudite, à 1 baril dépensé pour l’obtention de 10 à 15 barils extraits en extraction offshore, et à 1 baril dépensé pour 3 barils extraits à partir des sables asphaltiques, ceci alors que le pic d’extraction du pétrole « conventionnel » a été atteint en 2006.

Non suffisante toutefois, car en aucun cas le déclin inéluctable de la part de sources d’énergies fournies par les hydrocarbures, même partiellement remplacées par des sources d’énergie renouvelables, ne permettra en aucun cas le maintienii de la consommation actuelle d’énergie par habitant dans les pays riches et donc un niveau de vie et un mode de consommation inchangé, ou seulement très légèrement modifié ; et ceci en dépit d’innovations  dans l’isolation de l’habitat, de l’avènement d’une économie dématérialisée, et de la production d’énergie renouvelable.

Pourquoi ces progrès techniques s’avéreraient-ils d’une portée limitée ? Pour nous borner à quelques exemples

– En ce qui concerne l’isolation des bâtiments, et l’optimisation de la consommation énergétique par les innovations en domotique, les solutions techniques préconisées sont consommatrices de ressources en métaux rares iii

– En dépit du mirage du « zéro papier » l’économie « dématérialisée » de l’information et sa cohorte de serveurs entraîne des consommations d’électricité importantes.

– Les éoliennes actuelles ont une durée de vie de trente ans au mieux et l’installation d’une éolienne implique une consommation « d’acier, de ciment, de résines polyuréthanes, de terres rares et de cuivre »iv

On le voit, cette stratégie de la transition même n’a de pertinence et d’intérêt qu’à condition de dissiper les confusions qu’ elle peut nourrir.

Au plan politique, un splendide isolement pour les écologistes ?

En France, au plan national, la reprise en main du PS par les courants dominants beaucoup moins sociaux que libéraux, sous la houlette de l’Elysée v , laisse d’ores et déjà très mal augurer d’une alliance qui prend de plus en plus des airs de vassalisation pure et simple des écologistes vis-à -vis de la direction socialiste, ceux-ci ne servant plus, au mieux, que de caution verte au gouvernement.

En Allemagne, comme en Belgique les verts sont déjà hors des grandes coalitions parlementaires au pouvoir au niveau fédéral.

Le non-retour de la croissance, contrairement aux annonces, alimente un désespoir et une rage impuissante de plus en plus accentués chez des citoyens qui se sentent exclus (comme les 50 % des revenus les plus modestes), ou menacés de l’être (comme les 40 % des revenus intermédiaires). On l’a constaté maintes fois, des hommes ou femmes « providentiels » font déjà leur fond de commerce électoral de la volonté de renouer avec un simulacre de croissance, à n’importe quel prix : renoncement à des acquis démocratiques, renforcement du culte de l’autorité, mesures xénophobes.

L’écologie dans son expression politique est effectivement, pour l’instant la seule mouvance à mettre en question et à tenter de penser la notion même de croissance. Pour autant, cette situation doit-elle confiner l’écologie politique aux marges, où elle serait peu efficace?

Dans ces conditions, avec la claire conscience de n’avoir plus grand chose à attendre de politiques d’alliance au niveau national, il ne resterait apparemment aux principaux partis écologistes qu’à recentrer l’ensemble de leur action sur ce qui fait leur spécificité.

En premier lieu, s’efforcer inlassablement de rendre plus intelligibles par le public leurs positions sur la croissance (pour les raisons évoquées plus haut), sur les urgences environnementales et énergétiques multiples (locales et globales), sur l’Europe, et sur les répercussions sur le quotidien des citoyens d’enjeux très peu évoqués par les médias comme le Pacte Transatlantique. Élargir donc leur audience propre en faisant le pari de la maturité des citoyens.

En deuxième lieu et parallèlement à cet effort, en France, au niveau local, départemental voire régional, être ouverts, sans exclusive (sauf vis à vis de l’extrême droite), à toutes les convergences possibles (ponctuelles ou plus durables), avec d’autres formations. En Allemagne, par exemple, les Grünen au niveau des Länder, (là où ils participent aux gouvernements régionaux) sont généralement, mais pas exclusivement, alliés au SPD. En Hesse, ils gouvernent même avec les chrétiens-démocrates de la CDU.

Quoi qu’il en soit, l’urgence commande de dénoncer et ne plus soutenir à bout de bras une économie qui, comme le dit Hannah Arendt dans ” La condition de l’homme moderne”, « est devenue une économie de gaspillage dans laquelle il faut que les choses soient dévorées ou jetées presque aussi vite qu’elles apparaissent dans le monde pour que le processus lui-même ne subisse pas un arrêt catastrophique ».

i Christophe Bonneuil et Jean Baptiste Fressoz, « L’événement Anthropocène » , Le Seuil, Paris, p.23

iiLe terme « transition » n’est pas exempt d’ambiguïté. On pourrait l’ imaginer comme un simple basculement vers les énergies renouvelables, toutes choses égales par ailleurs.

iii On pourra se référer à l’ouvrage de Philippe Bihouix « L’âge des low-tech », Le Seuil, Paris, p.72

iv Op.Cit p.77

v Dont la nomination récente de Mme Boone et de M. Macron à des postes de responsabilité respectivement au sein de l’équipe des conseillers de l’Elysée et au gouvernement, sont des exemples très clairs du retour chez les sociaux-démocrates, déjà évoqué dans le premier article, d’une “une vision du monde progressiste qui est celle de la gauche parlementaire libérale et bourgeoise (dans laquelle le socialisme ne se reconnaissait pas avant la fin du XIXe siècle)”(cf.Christophe Bonneuil et Jean Baptiste Fressoz, « L’événement Anthropocène » p.265)

 

 

 

 

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La Gauche en Europe et en France et l’ écologie politique (2)

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Au fond, […] la politique conduite par François Hollande témoigne de l’épuisement du rôle historique de la social-démocratie.

Philippe Frémeaux, Journées d’été d’Europe Ecologie 2014

Où en est l’ écologie politique?

Confrontée à l’évolution précédemment décrite chez celui qu’ elle a choisi comme son puissant partenaire, tant en France qu’en Allemagne et en Belgique, l’ écologie politique subit par contagion une crise d’orientation. Les termes de la contradiction dans laquelle elle se meut, et les deux stratégies et courants qui les incarnent nous pourrions tenter de les résumer de la façon suivante :

1-Une stratégie développée depuis le début de la décennie 1990, de virage à gauche et de recherche d’un partenariat avec la social-démocratie (en France le PS). Le but était, à l’ époque, de s’insérer dans le jeu des institutions tant de la Ve République, que de l’Allemagne Fédérale nouvellement unifiée (et également, au niveau fédéral, en Belgique avec Ecolo) en nouant une alliance avec la social-Joschkdémocratie, dans l’espoir d’obtenir du partenaire des avancées législatives en matière environnementale par la négociation au sein de la coalition. En France, par exemple, Dominique Voynet après l’arrivée au pouvoir en 1997 de la gauche plurielle, est nommée au ministère de l’environnement et de l’aménagement du territoire. En Belgique, Olivier Deleuze devient secrétaire d’État fédéral à l’Énergie et au Développement durable Ecolo de 1999 à 2003. En Allemagne, Joschka Fischer est ministre des affaires étrangères et vice-chancelier dans les gouvernements Schröder I et II de 1998 à 2005. Cette mouvance devient majoritaire au sein de ces différents partis verts.

2-Des courants d’opinion, plus qu’une stratégie au sens propre, assez disparates, (par exemple, les « fundis » chez les verts outre-Rhin). Ces mouvances sont en général plus réservées, voire réticentes, vis-à-vis de la stratégie d’alliance décrite au paragraphe précédent. Essentiellement par crainte des concessions plus ou moins importantes qu’une telle stratégie rend quasiment inévitables si l’on veut gouverner dans la durée. Ces concessions, dans une négociation du partenaire faible au partenaire fort, étaient perçues, par ces courants, comme menant à des renoncements purs et simples sur des points importants du programme vert (en France, par exemple, à l’ époque de la Gauche Plurielle il y a eu refus catégorique du gouvernement Jospin de remettre en question le rôle de l’Énergie Nucléaire).

L’héritage durable des vingt dernières années réside dans le fait que l’écologie politique, dans la perception qu’elle a d’elle-même, se situe, depuis les années 1990, majoritairement à « gauche », tant au niveau des dirigeants que des adhérents.

Cette perception souffre de plus en plus, toutefois, d’un flou croissant à mesure du brouillage, lui aussi croissant, du clivage gauche/centre/droite. Ce phénomène est dû dans une très large mesure à l’évolution de la social-démocratie décrite dans l’article précédent, et qui a, en France, conduit de fait le PS à renouer, inconsciemment ou non, avec la gauche républicaine libérale du XIXe siècle. L’invocation presque incantatoire au retour de la croissance puis, plus récemment, la défense de l’austérité budgétaire la plus orthodoxe, s’est substituée à toute autre ligne d’action, ce qui en dit long sur l’immobilisme et la carence totale d’idées de la direction socialiste (i).

En outre, chez les écologistes, une autre source de malaise, bien plus radicale et profonde, ne doit pas être méconnue, même si tous les verts n’en sont pas forcément très conscients.  Avec l’échec  de fait des grandes conférences de Kyoto et Copenhague sur le réchauffement climatique ainsi que de celle de Nagoya sur la biodiversité, les problèmes environnementaux ont atteint un niveau critique. Les conséquences de la dégradation de l’environnement sur les sociétés humaines, dans les pays du Sud comme du Nord, ont désormais une gravité inégalée, rendant d’ores et déjà passablement obsolètes, pour ne pas dire dérisoires, à la fois la référence à un positionnement gauche/droite, et l’obsession de se situer sur l’échiquier politique traditionnel.

En effet comme le font remarquer à juste titre Bonneuil et Fressoz dans l’« Evénement anthropocène » : « La polarité entre nature et liberté décrétée par la fraction « industrialiste » et libérale des Lumières (et souvent contestée par sa fraction « romantique », ou par les premiers socialistes dits utopiques qui voyaient dans   l’individualisme et la propriété les vrais ennemis de la liberté) mais aussi la coupure ontologique entre sujet humain et objet de nature, constitutives de la modernité occidentale industrielle, sont sérieusement questionnées à l’heure de l’anthropocène »(ii). Or, la gauche comme la droite “de gouvernement” actuelles sont héritières  des Lumières et de la révolution industrielle.

Rupture ?

Dans ces conditions, le problème des alliances prend, une fois de plus, pour l’écologie politique une acuité et une urgence particulières. En effet, tout parti vert sera, en l’état, confronté à des partenaires (à gauche comme au centre, voire à droite) qui sacrifient aveuglément et quasi religieusement au culte du retour à la croissance, du moins dans les discours qu’ils destinent aux médias et à leur électorat. En effet, cette croissance était la grande garante, à l’âge d’or des trente glorieuses, d’une certaine acceptation des inégalités par les plus défavorisés (qui voyaient également croître modestement leur revenu). De plus, l’idolâtrie de la croissance, pour cette non-pensée politique, tient lieu et dispense de toute analyse politique et sociale, le néo-libéralisme courant, accepté de façon a-critique, constituant son fonds commun.

(i) L’économiste P. Krugman dans le New York Times du 27 août 2014, parlant de l’attitude de F. Hollande en matière économique, la qualifie “d’adhésion servile aux exigences d’austérité de l’Allemagne et de Bruxelles”.

(ii) C. Bonneuil, J-B Fressoz , L’Evènement anthropocène, Le Seuil, Paris, p. 54. On peut substituer à mon sens sans problème le terme « productiviste » à « industrialiste »

 

 

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La Gauche en Europe et en France et l’écologie politique (1)

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L’ avenir de la gauche  

Les dernières élections au parlement européen ont montré, s’il en était besoin, que les suffrages exprimés se sont exprimés majoritairement en faveur

  • de partis de la droite classique (ex : la CDU en Allemagne)
  • de partis populistes ou de la droite extrême (ex : le FN en France, ou UKIP en Grande Bretagne)

Ceci est constatable, aux niveaux national et européen dans la plupart des pays, à l’ exception, notable, de l’Italie et de la Grèce. Nous reviendrons, dans un autre article, sur ces deux pays.

Ailleurs, la gauche stagne, aussi bien dans sa composante social-démocrate que dans son aile plus radicale.

On a beaucoup glosé sur les raisons de cette désaffection qui a pris plusieurs visages et entraîné plusieurs conséquences, suivant le système électoral en vigueur à l’ intérieur de chaque pays pour les élections législatives.

Les partis sociaux-démocrates, dans les pays à système électoral basé sur la  proportionnelle, ont tenté et réussi à intégrer des grandes coalitions avec la droite classique : c’est le cas, par exemple, de l’ Allemagne, où le SPD a pu ainsi masquer et compenser son échec relatif aux législatives en s’alliant à la CDU, à la faveur de l’effondrement des libéraux du FDP, ancien partenaire de Mme Merkel.

Dans des pays à système électoral majoritaire, l’impact sur les partis de la gauche traditionnelle a été soit neutre (quand ils n’ étaient pas au gouvernement, comme le Labour), soit franchement négatif (dans le cas du PS français).

Les raisons de cette situation peuvent certes être recherchées dans les situations intérieures à chaque pays, mais cela ne doit pas occulter un phénomène à l’échelle européenne : l’essoufflement au niveau tant idéologique que pratique (au sens de la praxis politique) de la gauche en général.

Confrontés à cette situation, les grands partis sociaux-démocrates comme le PS, voient naître en leur sein des courants droitiers lesquels, au nom de l’abandon d’une idéologie vue comme sclérosée, se rallient purement et simplement à un libéralisme de fait, de moins en moins tempéré par une sensibilité plus « sociale ». Il s’agit là, on le voit, d’un calcul inspiré par des considérations de marketing politique :  l’abandon d’un paradigme non pas pour adopter, comme on pourrait le supposer, une pratique inspirée de la realpolitik, mais pour adopter un autre dogme économique, un autre prêt-à-penser, celui, ultra-libéral, de la commission européenne et de la BCE, de la troïka et consorts, mâtiné (en France, mais aussi en Italie) d’autoritarisme sécuritaire (i)  pour répondre à la demande des classes moyennes fragilisées (les 40% de revenus du “milieu”, selon Thomas Piketty(ii).

Par ailleurs, à leur gauche, émergent des formations qui cherchent à capitaliser sur les thèmes sociaux traditionnels de gauche, de plus en plus délaissés par les sociaux-démocrates, et parfois sur une dose d’écologie politique. Parti de Gauche en France, Die Linke en Allemagne. Les cas de Syriza en Grèce et de Podemos en Espagne mériteraient une analyse spécifique et plus documentée.

Cette stratégie, révélatrice du désarroi, de l’absence d’idées et de l’immobilisme de leurs directions,(iii) mène les socialistes à l’impasse : on le constate au niveau européen où le groupe du PPE (droite classique) est  majoritaire devant le groupe social-démocrate S&D. On le constate aussi, et même singulièrement, au niveau français avec le déclin du PS, son usure accélérée comme parti de gouvernement, et la “résistible ascension” de l’extrême droite. Cette dernière famille politique semble assurée  d’être présente au second tour de la prochaine élection présidentielle face à la droite classique, les deux candidats se présentant chacun, plus que jamais, comme des sauveurs providentiels dans un environnement où la reprise de la croissance économique, à laquelle nous sommes dopés, fait figure d’arlésienne. Le discours “social”, visant à capter un électorat populaire mécontent, sera alors repris par la candidate de l’extrême droite face à un candidat de droite présenté comme le défenseur de l'”establishment” et des “nantis”. Quant au PS, il ne passerait pas le premier tour, et ne représenterait plus une alternative de gouvernement crédible. Le réflexe de front républicain jouerait nettement moins qu’en 2002, et l’extrême droite, représentée par une personnalité beaucoup plus pragmatique que J-M Le Pen, serait bien plus attrayante pour nombre d’électeurs (y compris de gauche) et d’abstentionnistes  à la recherche d’un tribun autant que d’un leader providentiel.

La Gauche et son idéologie 

L’attente messianique du retour de la croissance, la culture (ou le culte) du productivisme industriel, agricole, de la centralisation technocratique en matière d’énergie, l’idolâtrie de la technologie, du hi-tech, et l’adhésion plus ou moins résignée à la financiarisation mondialisée de l’économie, ne constituent pas, loin de là, l’apanage de la seule droite. Il n’est que de penser aux “sorties” d’un Arnaud Montebourg. Tout au plus, la gauche aurait une tendance plus “colbertiste”, plus dirigiste que la droite, mais c’est bien là la seule différence.

Ces valeurs partagées par droite et gauche, ont mené, en France, chacun de nous le sait, à des atteintes constantes à l’environnement, à commencer par le recours massif au nucléaire, pour aboutir à la ferme des 1000 vaches, en passant par des grands travaux tels que Notre Dame des Landes, .

En anticipant un peu sur la suite, il y a donc, à mon sens,  un point qu’il convient de garder, dès à présent, à l’esprit : l’écologie politique n’est pas, ne peut pas être entièrement soluble dans le système de valeurs historique de la gauche, car toute “politique” qu’elle se définisse, l’écologie a, en effet, pour vocation de s’occuper également de l’environnement. Nous y reviendrons.

Faut-il s’étonner du fait que ce socle idéologique soit commun aux deux camps adversaires, droite et gauche?

Comme l’écrit Jean-Claude Michéa  : “Il est plus que temps de s’interroger sur ce que peut bien signifier concrètement aujourd’hui  le vieux clivage droite/gauche tel qu’ il fonctionne depuis l’ affaire Dreyfus. C’est avant tout, en effet, le refus de remettre cette question en chantier […] qui explique en grande partie l’impasse dramatique dans laquelle se trouvent à présent tous ceux qui croient encore en la possibilité d’une société à la fois libre égalitaire et conviviale.”(iv)

Dans le contexte historique français, à la fin du XIXe siècle, Michéa relève l’existence de trois familles politiques :

  • La droite (v) de l’époque, majoritairement antirépublicaine, aristocratique, catholique, cléricale, parti de la Tradition ou de la Réaction.
  • Les républicains libéraux, ou radicaux, souvent anticléricaux, qui siègent à gauche à la Chambre. C’est le parti dit du Progrès.
  • Le mouvement ouvrier dont les socialistes sont l’expression électorale.

Ces derniers se tiennent à l’écart des deux premiers courants dont ils se méfient. A cet égard, dans la mémoire du mouvement ouvrier, il reste le souvenir du fait que les répressions les plus féroces subies par lui au XIXe siècle ont été l’œuvre de républicains comme Cavaignac en 1848 et Thiers en 1871(v).

C’est, en pleine affaire Dreyfus, la crainte d’un coup de force du parti réactionnaire et de l’armée, du “sabre et du goupillon”, qui constitue le ressort du rapprochement d’une part du mouvement ouvrier, donc du parti socialiste, d’autre part des libéraux et radicaux , ces derniers ayant besoin de l’appoint (et de l’appui) des socialistes.

Il convient donc de ne pas méconnaître le fait que le libéralisme tant politique qu’ économique des républicains “bourgeois”, libéraux et radicaux comme Clémenceau, a été une des composantes originaires de ce qui allait devenir la Gauche au XXe siècle, et non la moindre, même si son rôle a pu paraître s’estomper devant l’ affirmation du communisme.

A la lumière de ce qui précède, on comprend que la conversion actuelle des sociaux-démocrates en sociaux-libéraux de plus en plus inconditionnellement acquis (ou résignés) au jeu des marchés, constitue non pas un reniement, mais bel et bien un retour aux sources, plus ou moins inconscient.

En ce sens on pourrait presque penser que l’avenir de la Gauche n’est qu’une part de son passé, avec lequel elle renoue sans le savoir.

 

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(i) M.Valls en France mais également M.Renzi en Italie (qui veut élever le seuil de voix exigibles pour le référendum d’initiative populaire).

(ii) Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle, éditions du Seuil, tableau 7.1

(iii)  à l’ exception, encore une fois, de Matteo Renzi.

(iv) JC Michéa, Les mystères de la gauche, éditions Climats, p 11-12 

(v) Il ne faut surtout pas la confondre avec ce qui deviendra la droite libérale classique du XXe siècle, issue, elle, des républicains modérés,  bourgeois respectueux de la propriété privée tout comme Clémenceau l’était.      

(vi) JC Michéa, Id. P 19